“LES TRAVAUX DE MODÉLISATION MENÉS PAR CCR SONT ESSENTIELS POUR ÉCLAIRER L’ÉTAT DANS SES RÉFLEXIONS ET DÉCISIONS POUR ASSURER LA PÉRENNITÉ DU RÉGIME.”
ANTOINE QUANTIN,
Directeur des Réassurances & Fonds Publics
INTRODUCTION
L'année 2022 a été marquée par d’importants événements climatiques : nombreux orages et épisodes de grêle des mois de mai à juillet, sécheresse extrême particulièrement précoce, accentuée par plusieurs épisodes de canicules au cours de l’été, incendies de forêts particulièrement dévastateurs, tempête en Corse au mois d’août et tornades au mois d’octobre en Normandie et dans les Hauts-de-France.
Ces épisodes rappellent la nécessité d’améliorer en permanence les dispositifs de gestion des risques pour être en mesure de faire face à ces phénomènes et à leur aggravation attendue du fait du changement climatique. Qu’il s’agisse d’améliorer la prévention, la gestion de crise ou l’indemnisation, il est nécessaire d’approfondir la connaissance des périls auxquels les territoires sont exposés. Maillon essentiel de la gestion des risques de l’État, CCR s’est dotée à cet effet d’une chaîne de modélisation permettant de croiser les aléas, qu’ils soient naturels ou anthropiques avec les enjeux économiques pour évaluer leur impact financier.
Cette plateforme est indispensable pour l’efficience des dispositifs d’indemnisation ou de prévention des risques et pour accompagner l’État dans ses réflexions en matière de gestion des risques extrêmes. Elle a pu être développée et enrichie au fil des ans grâce à des partenariats scientifiques avec des acteurs de référence en France, qu’il s’agisse de centres de recherches, d’universités ou de grandes écoles.
Grâce à ces partenariats et aux retours d’expérience réalisés à la suite des événements survenus, les équipes de recherche et développement de CCR contribuent à une amélioration continue des modèles et à renforcer leur pertinence.
CCR a jusqu’à présent porté prioritairement ses efforts sur les risques d’inondation et de sécheresse mais elle étudie également d’autres périls naturels ainsi que des phénomènes d’origine anthropique dont les conséquences peuvent être extrêmes.
L’année 2022 a ainsi vu de nombreuses avancées en matière de modélisation de la sécheresse géotechnique et des tremblements de terre.
En dehors du périmètre du régime Cat Nat, CCR s’est également fortement investie dans des travaux sur la connaissance des impacts des risques climatiques sur les récoltes dans le contexte du changement climatique.
En cette fin d’année 2022, l’équilibre financier du régime est mis à mal par une sécheresse exceptionnelle qui s’annonce comme l’événement le plus coûteux depuis l’instauration du régime en 1982, accompagnée d’un important choc d’inflation impactant particulièrement les périls à déroulement long. Dans ce contexte, les travaux de modélisation menés par CCR sont essentiels pour éclairer l’État dans ses réflexions de long terme, mais également à plus court terme, pour assurer la pérennité du régime./
PERSPECTIVES 2022/2023
Les travaux de recherche et développement que mène CCR ont pour objectif d’améliorer la connaissance des conséquences économiques des catastrophes naturelles et anthropiques, composante essentielle pour assurer sa mission au service de l’État et du marché de l’assurance. Ces travaux sont menés en partenariat avec des organismes scientifiques renommés (notamment Météo-France, l’INRAE, le BRGM) qui apportent leur connaissance des aléas, indispensable à l’analyse économique de CCR. Il en résulte la conception et l’amélioration continue de modèles numériques visant à estimer les conséquences financières d’une catastrophe ou à mesurer l’exposition économique potentielle liée à la survenance d’événements très rares.
En matière de risques sismiques et de risques climatiques en agriculture, les travaux 2023 vont s’appuyer sur les résultats de deux thèses soutenues avec succès en 2022. La première thèse a été effectuée avec l’Institut Agro-Rennes-Angers et Météo-France sur le thème de l’impact du changement climatique sur les pertes de récoltes agricoles et la deuxième avec l’École Nationale de Géologie de Nancy sur le développement d’un générateur stochastique de tremblements de terre.
Concernant la gestion des risques climatiques en agriculture et le développement de l’assurance contre ces risques, les missions de CCR ont été élargies par une ordonnance publiée le 29 juillet 2022.
“LES SERVICES AUX ENTREPRISES, AUX COLLECTIVITÉS ET AUX ASSUREURS SE POURSUIVENT ET SE RENFORCENT EN 2023.”
DAVID MONCOULON,
Directeur du Département R&D Modélisation
Les travaux relatifs à ces sujets vont donc s’accélérer en 2023, avec par exemple la prise en compte du gel et de la grêle dans nos modèles. Concernant les travaux sur les risques sismiques ils seront poursuivis en 2023 par une nouvelle thèse de Doctorat portant sur la propagation des ondes sismiques via des approches mécanistes numériques.
Enfin, une thèse sur la modélisation de la sécheresse géotechnique démarre, reliant trois organismes majeurs autour de ce phénomène : Météo-France / CNRM pour la part météorologique, le BRGM pour la part géologique et CCR pour la part économique.
En tant que mécène de la nouvelle Chaire Geolearning (Mines Paris Tech, INRAE), CCR est associée à différents projets de recherche qui verront le jour au cours des cinq prochaines années. L’une de ces thèses portera sur un générateur stochastique de précipitations tenant compte des corrélations temporelles et spatiales via des approches novatrices.
Les services aux entreprises, aux collectivités et aux assureurs se poursuivent et se renforcent en 2023. Parmi eux, l’un des projets majeurs est l’analyse de la vulnérabilité du réseau électrique RTE aux inondations et au changement climatique qui sera livrée en mars 2023 et permettra de cibler les ouvrages les plus exposés pour mettre en place des mesures d’adaptation et de prévention. À la demande d’autres organismes, des études préalables de ce type sont en cours de réalisation et d’évaluation.
Le développement d’une plateforme multipéril de dommages, spécifique à CCR, constitue un projet transverse important pour 2023. Il vise à renforcer la traçabilité des simulations, la flexibilité des calculs, en limitant la dépendance au système de base de données et de fichiers, la robustesse (notamment en tournant désormais sur un système Linux) et la souplesse dans le déploiement des calculs, avec l’émergence de solutions hybrides “on premise/cloud“. En d’autres mots, l’objectif est de se doter d’une plateforme répondant aux meilleurs standards du marché.
Un nouveau projet d’amélioration de la vulnérabilité des biens assurés a vu le jour en ce début d’année, avec pour objectif de traiter les différents périls Cat Nat (inondations, séismes, puis sécheresse) ainsi que les risques en agriculture en allant au-delà de l’analyse statistique pour établir le lien déterministe entre aléa et sinistralité. Ce projet va enrichir notre plateforme de simulations de fonctionnalités permettant des analyses coûts-bénéfices pertinentes à des fins de prévention.
L’année 2023 s’annonce donc riche en nouveaux projets et les activités de R&D de CCR serviront l’un des axes stratégiques de l’entreprise, à savoir l’accroissement de l’expertise sur les périls couverts (catastrophes naturelles, terrorisme) mais également sur les nouveaux enjeux (cyber, agricole, grêle et gel)./